Ex Libris : Maison Blanche (Casablanca)
Noël 2005 - Pour Léopold
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J'ai écrit, pour ta sœur qui sait lire, l'histoire de mon jardin, au Maroc ; j'ai beaucoup joué dans ce jardin, appris beaucoup de choses à travers les fleurs et la nature que j'aime tant -- je n'avais pas de jouets, la nature me les fournissait tous --
Ciel, que j'étais heureuse dans ce jardin, cette maison.
Tout ce bonheur accumulé est toujours présent en moi et façonne ma vie à chaque instant ; précieuse enfance qui fut pourtant si simple mais toujours transfigurée ; cela doit aussi venir de ma façon d'appréhender la vie et les êtres : sans calcul, donc sans mauvaise surprise avec tout mon élan de générosité, si parfois cela m'apportât des déconvenues, tant pis, je suis sans rancune et je pardonne --
Je vis donc toujours dans la curiosité de l'amour -- car pour aimer il faut toujours être prêt à s'émerveiller devant la moindre petite chose couleur, odeur, forme -- Car la vie c'est cela : de difficiles moments entre quelques éclats de bonheur ; c'est un très court chemin ---
Tu comprendras plus tard toute la lumière de cette enfance et de ma vie.
Tu me le rendras ce carnet pour que je puisses te parler des différents animaux de mon pays -- Je n'ai pas le temps avant les vacances car je serais toute heureuse de t'accueillir et de réaliser des choses avec toi pendant ces vacances - C'est si précieux comme échange ! -
Je t'ai dessiné un beau renard dont je suis contente ; il se repose, il fait sa sieste au bord d'un chemin de terre sous une haie, au soleil ; il aime bien faire la sieste, toute en gardant les yeux entrouverts, pour surveiller ce qui se passe autour de lui -
Il y en avait beaucoup au Maroc dans les endroits situés aux abords des montagnes ; cela me rappelle l'époque où je devais avoir 10-12 ans et où nous étions partis camper une semaine à Ras-el-Mer ce nom veut dire la "Source" car Ras signifie la Tête, El-Mar c'est l'Eau -
C'était à Pâques et en montagne il faisait très froid ; on logeait dans de petites maisons dont la seule ouverture était une porte sur un mur, de minuscules fenêtres de la dimension d'une brique --
On dormait par terre, dans un sac de couchage (c'était maman qui m'avait cousu le mien : deux morceaux de draps qui enfermaient de la laine) -- On entendait le bruit très fort de la chute du torrent dans les gorges profondes, les chouettes très tôt, le renard -- il y avait aussi de tous petits singes pas sauvages du tout -- qui faisaient beaucoup de bruit car ils se poursuivaient de branche en branche, en poussant de petits cris, avant de s'endormir - (J'ajouterai des photos de la forêt de Sangeh à Bali, forêt des singes macaques.) On avait peu d'espace, on était loin de toute ville, au milieu des cèdres -- On était obligé de nous apporter la nourriture avec une "jeep".
Bien sûr, on allumait le feu de bois ; cette vie au milieu de la nature était merveilleuse et on était heureuses de se retrouver pour camper avec des amies "petites jeannettes" pour une semaine ; j'ai encore mon quart, ma gourde et ma gamelle métallique ; cher petit Léopold il est très tard -- Je vais aller dormir --
A demain --
VB.
Noël 2005 - Pour Léopold
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J'ai écrit, pour ta sœur qui sait lire, l'histoire de mon jardin, au Maroc ; j'ai beaucoup joué dans ce jardin, appris beaucoup de choses à travers les fleurs et la nature que j'aime tant -- je n'avais pas de jouets, la nature me les fournissait tous --
Ciel, que j'étais heureuse dans ce jardin, cette maison.
Tout ce bonheur accumulé est toujours présent en moi et façonne ma vie à chaque instant ; précieuse enfance qui fut pourtant si simple mais toujours transfigurée ; cela doit aussi venir de ma façon d'appréhender la vie et les êtres : sans calcul, donc sans mauvaise surprise avec tout mon élan de générosité, si parfois cela m'apportât des déconvenues, tant pis, je suis sans rancune et je pardonne --
Je vis donc toujours dans la curiosité de l'amour -- car pour aimer il faut toujours être prêt à s'émerveiller devant la moindre petite chose couleur, odeur, forme -- Car la vie c'est cela : de difficiles moments entre quelques éclats de bonheur ; c'est un très court chemin ---
Tu comprendras plus tard toute la lumière de cette enfance et de ma vie.
Tu me le rendras ce carnet pour que je puisses te parler des différents animaux de mon pays -- Je n'ai pas le temps avant les vacances car je serais toute heureuse de t'accueillir et de réaliser des choses avec toi pendant ces vacances - C'est si précieux comme échange ! -
Je t'ai dessiné un beau renard dont je suis contente ; il se repose, il fait sa sieste au bord d'un chemin de terre sous une haie, au soleil ; il aime bien faire la sieste, toute en gardant les yeux entrouverts, pour surveiller ce qui se passe autour de lui -
Il y en avait beaucoup au Maroc dans les endroits situés aux abords des montagnes ; cela me rappelle l'époque où je devais avoir 10-12 ans et où nous étions partis camper une semaine à Ras-el-Mer ce nom veut dire la "Source" car Ras signifie la Tête, El-Mar c'est l'Eau -
C'était à Pâques et en montagne il faisait très froid ; on logeait dans de petites maisons dont la seule ouverture était une porte sur un mur, de minuscules fenêtres de la dimension d'une brique --
On dormait par terre, dans un sac de couchage (c'était maman qui m'avait cousu le mien : deux morceaux de draps qui enfermaient de la laine) -- On entendait le bruit très fort de la chute du torrent dans les gorges profondes, les chouettes très tôt, le renard -- il y avait aussi de tous petits singes pas sauvages du tout -- qui faisaient beaucoup de bruit car ils se poursuivaient de branche en branche, en poussant de petits cris, avant de s'endormir - (J'ajouterai des photos de la forêt de Sangeh à Bali, forêt des singes macaques.) On avait peu d'espace, on était loin de toute ville, au milieu des cèdres -- On était obligé de nous apporter la nourriture avec une "jeep".
Bien sûr, on allumait le feu de bois ; cette vie au milieu de la nature était merveilleuse et on était heureuses de se retrouver pour camper avec des amies "petites jeannettes" pour une semaine ; j'ai encore mon quart, ma gourde et ma gamelle métallique ; cher petit Léopold il est très tard -- Je vais aller dormir --
A demain --
VB.
« Lorsque j’avais découvert le Domaine sans nom, j’étais à une hauteur, à un degré de perfection et de pureté que je n’atteindrai jamais plus. Dans la mort seulement, comme je te l’écrivais un jour, je retrouverai peut-être la beauté de ce temps-là… »
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913